Bonne année à tous !

Pour le 6ème jour de l’année, en ces Instants critiques des bons voeux et des bonnes résolutions, je vous propose de refaire un petit tour des Merveilles et facéties qui ont éclairé nos derniers jours… du calendrier Maya et de 2012 !

Le 6ème jour a enchanté la salle. La comédienne, Catherine Germain, que nous avons craint de ne pas reconnaître au bar après le spectacle tant elle est méconnaissable dans son rôle et dans son habit de clown, en plus d’être une personne charmante et adorable, nous a fait une magnifique démonstration de son art.
Nous avons vu entrer en scène un corps de clown avec une démarche de vieillard, qui s’est mis à redécouvrir le monde à la manière d’un enfant : et quelle vérité dans l’observation ! A chaque instant, on imaginait, on voyait un jeune enfant à sa façon d’appréhender son environnement, à ses réactions naïves et spontanées, à ses gestes non calibrés, ses recherches d’affirmation… Après avoir adopté son langage corporel, on en arrivait à se demander comment allait-t-elle bien pouvoir parler ?? Mais la voix, l’intonation, son langage, sa réflexion étaient aussi maîtrisés que le reste… et franchement savoureux ! Le récit de la création du monde, relu et commenté par le clown Arletti, vaut ainsi vraiment le détour. « C’est bien écrit, on a envie de lire la suite !  » Où l’on apprend la fascination de Dieu pour le chien, qui n’arrêtait pas de créer des chiens dans tous les coins toute la journée, au grand dam des autres animaux qui ont eu bien peur de ne pas pouvoir être « constatés ». Où l’on s’étonne que l’homme ait été créé en dernier, même après la mouche, alors -sans susceptibilité aucune- en attendant qu’il veuille bien nous constater un jour, on peut bien faire ce qu’il nous plaît…
Il n’y avait pour ainsi dire pas d’enfants dans la salle, ce qui était sans doute dommage, car leurs rires sont irremplaçables ; mais peut-être était-ce juste également, car ce que nous proclamait avant tout ce « 6ème jour » était un message aux adultes : n’oubliez pas votre âme d’enfant ! Osez vous émerveiller, vous amuser d’un rien et de tout ! Redécouvrez votre quotidien sous un autre angle, d’un oeil neuf et innocent. Lâchez-vous, lâchez un peu toute la pression des impératifs d’efficacité, de rentabilité, soyez incompétents de temps en temps ! Voyez comme cela fait du bien ! Ressentez le plaisir de sauter dans les flaques d’eau et de tout éclabousser : n’est-ce pas bien plus prioritaire que de répondre au téléphone ?!

Première bonne résolution de l’année :
penser à laisser sortir son enfant intérieur de temps en temps !

Instants critiques fut une célébration de bons mots ! Olivier (Broche) et Olivier (Saladin), deux « bonhommes » dans le grand sens du terme, d’une complicité à rendre jaloux, se régalent dans ces extraits du « Masque et de la plume » où les plumes justement de Jean-Louis Bory et Georges Charensol cultivent les saveurs de la langue et de l’esprit – en n’y allant pas avec le dos de la cuillère ! Leur prose stimulante, à la manière d’un Rabelais ou d’un Desproges, touche autant la merde que les étoiles. Un monde où les faces de babouins prognathes et les bouses de mammouth partagent la vedette avec les plus grandes vedettes du septième art. Un ton où finalement, le rapport au cinéma est vital, passionnel, intellectuel ou pas, mais surtout pas sacralisé. On ne ressent pas d’hypocrisie, de consignes commerciales, même pas de pédantisme, car l’auto-dérision domine. Cette mise en scène de leurs différences de points de vue est jouissive, elle est enrichissante, non stigmatisante. Elle consacre l’art de la discussion, qui permet l’exploration et le développement de la pensée, démontre qu’il n’est pas nécessaire de soutenir les mêmes idées pour s’entendre et se respecter. Bien au contraire. Quel plaisir de les entendre évoquer ce chef d’oeuvre si long, mais si long, du Parrain, ou discuter de l’intérêt métaphysique d’une scène de Godard qui tourne en rond autour d’un arbre ! Les mélodies et chorégraphies reprises, avec leur puissance évocatrice, amènent une touche de fraîcheur, notamment grâce à la très belle voix de Lucrèce Sassella, et même, de vrais moments de grâce, sous un parapluie de Cherbourg. Une ode aux belles amitiés, en particulier littéraires, cinéphiles et « confrontatives ». (Si ce mot n’existait pas, il fallait l’inventer).

Deuxième bonne résolution de l’année :
partager des discussions passionnées, enthousiastes et enflammées avec ses meilleurs amis !

Merveilles et facéties fut le rendez-vous familial contes et goûter de Noël annuel. Cette année, Lorette Andersen, en plus de faire participer les enfants à ses farandoles, notre conteuse les a fascinés en particulier avec ses histoires fantastiques d’ogres, de dragons et surtout, celle de la main verte qui hante le panier de linge sale ! A faire bouillir si vous en avez peur ! Après toutes ces émotions, un goûter les attendait ainsi qu’un beau sapin de Noël, réclamant qu’on le pare… Notre table de bricolage fut donc encore fourmillante, avec ses papiers de couleurs, ses paillettes, bouts de ficelle, ciseaux et colles : dans une atmosphère festive, joyeuse et conviviale, les petits lutins de Noël nous ont réalisé les plus belles décorations qui soient. Je vous laisse les découvrir dans notre galerie photo… Une belle après-midi d’hiver pour terminer l’année.

Troisième bonne résolution de l’année :
prendre le temps de faire des petites choses simples et belles en famille pour égayer notre quotidien !

Vous voilà maintenant parés pour aborder cette nouvelle année, si vous aviez manqué ces spectacles ou si vous manquiez de bonnes résolutions, adoptez encore celle-ci : venir plus souvent au théâtre !

Meilleurs voeux !