Mein Kampf (farce) : oxymore provocante de Tabori : et vous, l’auriez-vous osée ?

Deux spectateurs, étudiants à la HEP-Bejune, témoignent pour nous de leur rencontre avec ce spectacle, où Frédéric Polier mettait en scène cette incomparable pièce de George Tabori, magnifiquement interprétée par Bernard Escalon en brave Shlomo, François Florey en petit Adolf, Jean-Luc Farquet en Dieu, Emilie Blaser en tenue d’Eve etc… sans oublier Mitsy la poule !

Daniel Freitas Pereira :

Une farce osée, par l’auteur, par la troupe.
Le décor d’un taudis : les planches elles-mêmes étaient jonchées d’éléments qui donnaient l’impression que les acteurs se déplaçaient parfois en équilibre.
La pièce mêle et alterne angoisse, philosophie, poésie et beaucoup de rire.
Une angoisse, ressentie de tous, de par l’histoire connue qu’elle annonce. Une philosophie, une pensée du passée mais tournée vers l’avenir, une actualité. Des rires aux éclats dus aux farces.
Face à un Hitler enfant gâté et impulsif, on retrouve le propriétaire des lieux, un penseur, un père, un écrivain…
…et des escaliers, peu praticables, mènent à une porte en fond de scène. Une porte par laquelle la vie et la mort entrent et sortent.
Une belle découverte, une pièce drôle et touchante qui m’a fait rigoler. Les décors m’ont plongé, dès l’extinction des lumières dans la salle, dans une ambiance un peu maussade. Seul petit hic, un petit manque de rythme pour les scènes moins burlesques.

T.D. Shana :

20h : arrivée dans cette salle de théâtre sculptée de poésie, avec, au centre de la scène, ce décor qui semble échoué, comme tout droit arrivé d’une misère passée. Les premiers acteurs, ou plutôt une suite de vagabonds, s’installent, se couchent dans leur pauvreté, alors qu’en face, nous, public, discutons indifférents et bien installés dans nos fauteuils.
Et puis, silence, c’est l’heure. Le monde se tait et observe.
Il observe et partage l’évolution d’une histoire, la naissance d’un mal.
Nous connaissons tous les faits tragiques qui se cachent derrière cette pièce et pourtant, sous la faible lumière des projecteurs, on parvient à s’attacher aux personnages, à rire d’eux et de leur caractère.
La pièce nous est présentée comme une farce, et, en effet, c’en est bien une. Une plaisanterie que l’on nous fait. Celle de nous faire rire sur un tel sujet, celle de nous donner envie d’aimer un être qui représente pourtant le mal. On observe et, sans vraiment se l’avouer, on comprend presque.
Bien plus que découvrir la fragilité d’un homme, on aperçoit celle du monde.
Mais, c’est peut-être ça la poésie, avoir des doutes, mais savoir en rire…
En conclusion, je dirais donc que ce spectacle fut pour moi une découverte agréable malgré son aspect un peu provocateur. Je n’en suis pas ressortie bouleversée, mais j’ai réellement apprécié la réflexion qui se cachait derrière la pièce. Finalement, j’en ai principalement aimé le sens, la poésie.